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Roubaix, Une Lumière

Roubaix, une lumière

Un polar nocturne…

Retour du brillant réalisateur Arnaud Desplechin dans sa ville natale Roubaix. S‘inspirant d’un fait divers sordide ayant défrayé la chronique en 2012 dans le Nord de la France, il s’attaque, pour la première fois, au film de genre en mettant en scène une enquête policière.

L’intrigue ne sert ici que de toile de fond et de prétexte pour dérouler les codes du film d’ambiance, le réalisateur en profitant pour faire un focus sur une ville sinistrée, marquée par une régression tant sociale qu’économique.

La morosité de cette ville, filmée principalement de nuit, aborde les contours de cette désespérance sociétale et morale qui l’affecte.

Le réalisme de la mise en scène et le jeu impeccable de ses comédiens apportent de la noirceur au propos, lui même ponctué de réflexions se trouvant à la lisière du mysticisme et non dénué d’un certain prosaisme.

Roschdy ZEM incarne un commissaire de police usé, expérimenté, qui se voit confier une enquête dans laquelle deux jeunes femmes (magistrales Léa SEYDOUX et Sara FORESTIER) sont accusées du meurtre d’une vieille dame.

Arnaud DESPLECHIN qui rêvait de tourner avec Roschdy ZEM depuis de longues années a trouvé, avec ce projet, l’opportunité d’atteindre ses ambitions.

Roschdy ZEM nous livre une performance impeccable, provant une fois de plus, le charisme évident qu’il parvient à dégager face caméra.

Le côté solitaire et profondément humaniste de son personnage lui offre un rôle sur mesure, entre animalité et cérébralité.

Confrontant douceur, écoute et bienveillance, il est l’incarnation même de la compassion et se trouve en parfait état de grâce.

La lumière du titre, c’est de lui qu’elle émane.

A ses côtés, deux comédiennes de talent, qui peuvent tout jouer, se révèlent convaincantes en filles paumées, marginales et toxicomanes.

Se plaçant du côté obscur de l’histoire, Roschdy ZEM, en homme protecteur, enveloppe cette figure humaine qui tire tous les personnages du film vers le haut. Vers cette lumière qui leur redonne ce semblant d’humanité qui leur fait défaut.

Auréolé de la casquette de réalisateur de films d’auteur, Arnaud DESPLECHIN réussit haut la main son passage au cinéma de genre, tout en imposant sa patte, si singulière.

Sur fond de chronique sociale, il nous parle mieux que personne, de la paupérisation et du sentiment de détresse.

L’atmosphère en devient lourde, étouffante, à la limite du poisseux, le spectateur, pris en étau entre misère sociale et corps opprimés par l’âpreté des personnages et du contexte aride, parvient à trouver de l’apaisement à travers ce soupçon de lumière que véhicule le Commissaire Daoud, impeccable de justesse.

Présenté en compétition au denrier Festival de CANNES, ROUBAIX LA LUMIERE est un film noir aux multiples facettes, à l’image de ses personnages.

En 5 MOTS par notre chroniqueuse ciné (en salles le 21 août 2019) :

  • Troublant
  • Enigmatique
  • Envoûtant
  • Social
  • Noctambule

Laurence Salfati.

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