La vie scolaire
La rentrée des classes d’un grand corps pas si malade…
Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade, slameur de talent que l’on ne présente plus, et son complice de toujours, Mehdi Idir, reviennent à la réalisation avec leur second long métrage.
Tous deux ont grandi dans une cité et auraient pu être tentés d’arpenter les sentiers d’une autre sphère que celle du domaine artistique…Mais non !!
La rencontre de ces deux âmes complémentaires a servi de socle à une fondation solide, concrétisée par une complicité sincère et fidèle qui leur a tracé le chemin d’une toute autre voie.
Deux ans après « Patients »
Les auteurs du film ont éprouvé le désir de traiter de l’école et ont choisi de poser leur caméra dans un collège de Saint Denis, la ville qui les a vus naître et grandir.
Puisant dans leurs propres souvenirs et se réappropriant des anecdotes et témoignages d’élèves, ils nous parlent de ces années collège, cruciales à la préparation de notre avenir.
Cette période de transition au cours de laquelle on connait nos premiers balbutiements liés au monde adulte, tout en conservant la saveur de notre insouciance, innocence, teintée de cette part d’insolence parfois affirmée.
La vie scolaire est une comédie sociale, qui s’inspire davantage de la jeunesse de Mehdi Idir, cet enfant de la cité du Francs Moisin.
L’idée de départ n’était pas de raconter sa vie, mais plutôt d’apporter du réalisme et du souffle à son vécu afin de servir la matrice d’un scénario construit avec l’aide de son acolyte et ami de toujours, Grand Corps Malade.
Il y a donc du Mehdi dans le personnage de Yanis incarné par liam Pierron (l’une des révélations du film), collégien en quête de lui-même, fragilisé par sa situation familiale qui se voit gangrainée par l’absence d’un père incarcéré.
Les réalisateurs ont eu dès le départ, cette volonté placide et tranchée de faire un film avec d’illustres inconnus, critère indispensable à l’authenticité du propos.
C’est ce cinéma que le duo de cinéastes avait envie de faire et de rendre vivant à l’écran.
L’incroyable vitalité des acteurs, l’humour vif et décapant qui parsème le film de bout en bout, le montage maitrisé illustré par une BO inspirée sont autant d’atouts desquels on ne peut que se féliciter.
Aussi réaliste qu’humaniste, la vie scolaire est un portrait de groupe qui fait la part belle à chacun de ses comédiens leur laissant jouer leur partition avec un naturel et une spontanéité implacables.
Il s’en dégage une belle énergie communicative servie par une intelligence de style et d’écriture qui rendent le jeu homogène.
Par des scènes de classe drôles et percutantes, les vannes fusent et apportent au récit, un rythme soutenu et dynamique, qui ne laisse au spectateur, aucun moment de répit.
Oscillant entre burlesque et émotion, la vie scolaire trouve ici son tempo, et son parfait équilibre.
Les jeunes comédiens en herbe à la prestance plus que convaincante font transpirer fantaisie et tendresse à leurs personnages (autre bonne surprise du film Hocine MOKANDO qui, en prenant les traits de « Farid le mytho », le roi du mensonge, crève l’écran), parviennent à s’imposer parmi des acteurs confirmés tels Zita HANROT, impeccable, et Alban IVANOV, délicieux.
Pour tirer une révérence à un été sur le point de s’éclipser, « la Vie Scolaire » est un excellent remède pour embraser avec humour et générosité les prémisses d’une rentrée annoncée.
Le film idéal en ce début de saison.
En salles le 28 août 2019
Laurence Salfati